Le saumon sur l’Elorn

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5OO à 15OO MIGRATEURS REMONTENT CHAQUE ANNEE L’ELORN  MAIS LA POPULATION DE SAUMONS DE PRINTEMPS EST EN FORTE BAISSE DEPUIS LES ANNEE 7O

Après leur long périple dans l’Atlantique Nord, deux cohortes de saumons adultes remontent l’ELORN après :

  • 1 hiver de mer . Ces saumons appelés castillons  « gwennig »  en Breton, grisle – Outre Manche – migrent essentiellement  en été et en automne. Ils mesurent de 50 cm pour les plus petits à 65-67  cm environ, pèsent de 1,5 kg à 3 kg.
  • 2 hivers de mer . Ces saumons mesurent de 67 cm à 85 cm environ et pèsent de 3 kg à 7 kg. On les nomme « saumons de printemps » et leur migration en rivière s’effectue de mars à mai/début juin.

Partout en Europe, les saumons de 3 hivers de mer sont de plus en plus rares. Ce sont des grands saumons de 85 cm à 1 mètre, voir davantage sur certaines grandes rivières (ALLIER, GAVES…) ou encore en ECOSSE ou en NORVEGE.

Depuis 4 décennies, sur l’ELORN, comme partout en Bretagne et sur la plupart des rivières Européennes, on observe une forte diminution des saumons de printemps et une modification des rythmes de remontée.

Sur l’ELORN, dans les années 70, l’essentiel de la remontée annuelle était constitué de saumons de printemps. La migration était concentrée sur la période mi- février/fin mars. Cette population a vu ses effectifs diminuer dans des proportions considérables. Ainsi estimons nous que la population des années 70 (1) s’établissait dans une fourchette de 500 à 1000 poissons . Trente années plus tard, début des années 2OOO, elle s’établit dans une fourchette de 5O à 2OO poissons. Depuis cinq ou six ans on observe une légère amélioration la population se maintient  sur un « plateau »  de 13O à 15O poissons. 

Au cours de ces 40 dernières années, il n’est cependant pas certain que le nombre total de saumon ait fortement diminué. En effet, durant cette période, le nombre des petits poissons d’I hiver de mer, à l’inverse des saumons de printemps, a vraisemblablement augmenté.

Sur l’ELORN, ce stock fluctue à présent dans une fourchette de 500 à plus de 1000 poissons. (près de 15OO les meilleures saisons) – voir graphique ci-dessous.

DES RYTHMES DE MIGRATION QUI EVOLUENT

Autre phénomène, les rythmes de migrations n’ont cessé d’évoluer. Ainsi, dans les années 80 la migration estivale se concentrait sur la période 15 juin – 15 juillet. Depuis quelques années  l’essentiel de cette montaison estivale se concentre de la quatrième semaine de juillet à la fin du mois d’Août ….pour s’arrêter à nouveau fin juillet depuis deux ou trois ans.

  En outre, (fin de la décennie 90/début des années 2000) on a pu constater que des castillons pouvaient atteindre des tailles supérieures à 60 – 65 cm, voir même à 70 cm. Au cours de ces toutes dernières années, la taille moyenne semble à nouveau régresser avec l’apparition de poissons inférieur à 5O cm !

Ces observations ont été rendues possibles sur l’ELORN grâce :

  • Au « CHUPEN » : une association créée dans les années 50 pour favoriser la déclaration des captures, d’où des  « statistiques » anciennes sur l’Elorn,
  • Un programme scientifique, mis en place à partir de 1977, entre l’association et le CNEXO-COB (aujourd’hui IFREMER) qui a permis un suivi précis des captures et des remontées (première trappe de comptage installée en 1977 ).
  • Aux inventaires piscicoles (Indices d’abondance), comptage de frayères, vidéo comptage, etc…

Tous ces éléments démontrent la dynamique des populations piscicoles est fluctuante et complexe, surtout lorsqu’il s’agit d’un grand migrateur comme le saumon Atlantique. Ainsi, à titre d’exemple, des années de production exceptionnelles de juvéniles en rivière (voir chapitre bilan indices d’abondance) ne semblent pas se traduire les années suivantes, par des retours d’adultes en rapport avec ces fortes densités. Des études scientifiques étrangères (notamment Ecossaises) ont démontré que la mortalité en mer aurait augmenté de manière importante depuis les années 70. Surexploitation ? chute de la biomasse des poissons fourrages ? Effet du réchauffement climatique ? Beaucoup de théories sont avancées mais il apparaît désormais incontestable que le maillon faible se situe dans le milieu marin.

En conclusion, la situation du saumon atlantique reste fragile et très préoccupante sur pratiquement toute son aire de répartition (hormis la partie Nord ISLANDE…) et l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a classé l’espèce VULNERABLE.

DES QUOTAS UBUESQUES !

Malgré les avertissements internationaux, il faut déplorer la situation Française où des quotas invraisemblables sont attribués  (INRA – AFB) notamment pour les castillons (plus de 4OO poissons sur l’ELORN ! ) témoin le graphique ci dessous où figure en vert les migrations annuelles de castillons, en bleu de saumons de printemps enregistrées au vidéo comptage de la trappe de KERHAMON. Nous avons tracé en rouge le quota autorisé pour les castillons, en mauve pour le saumon de printemps

 

Si le TAC (total autorisé de captures) ou quota saumon de printemps (48) est « acceptable » (bien que trop important à notre avis – taux d’exploitation de plus de 3O % en moyenne)  le quota castillon est ubuesque : 436 ! Il  permet en effet de prendre tous les poissons qui montent dans l’ELORN pratiquement une année sur 2 ….et « autorise » même de prendre plus de poissons qu’il en monté réellement comme 2OO9, 2O12, 2O15 …  ! On croit rêver ! Comment des scientifiques qui connaissent pourtant la réalité des migrations sur l’ELORN (L’INRA, L’AFB sont membres du comité de gestion de la trappe de Kerhamon) peuvent t’ils valider de tels TAC et affirmer dans le même temps que le saumon atlantique est une espèce menacée ? Plus grave, après que nous ayions transmis ce graphique à tous les organismes officiels, les TAC ONT ETE CONFIRMES en 2O17, 2O18 !!! Les scientifiques Français sont ils devenus fous ? Aux dernières nouvelles les quotas seraient en cours de révision. On attend la suite avec impatience !

Au delà de ces TAC scandaleux et incompréhensibles, il nous faut également dénoncer l’inefficacité  du gardiennage et de la lutte anti braconnage sur les rivières Bretonnes (et Françaises en général) qui  favorise les comportements scandaleux d’une minorité de  délinquants, parfaitement connus et identifiés qui agissent en toute impunité

 Bon an, mal an il se capture en moyenne une centaine de saumons chaque année à la ligne (poissons relâchés compris) soit un taux d’exploitation moyen de l’ordre de 15 à 2O %. Près de 5O % pour le saumon de printemps ! Depuis le rétablissement du quota individuel en 2O18 le nombre de poissons déclarés est à nouveau peu fiable, un comportement irresponsable de la part de quelques « pêcheurs »… conforté hélas par l’état du gardiennage. 

 Enfin, l’état du prélèvement dans l’estuaire de L’ELORN et dans la rade de Brest ne semble faire  l’objet d’aucun suivi officiel alors que nous sommes désormais en possession d’informations qui laissent à penser que le nombre de poissons capturé au filet est  loin d’être anecdotique (idemn pour l’estuaire de  la MIGNONNE ou rivière de DAOULAS). Le chiffre de 15O castillons capturés  en moyenne chaque année (en toute illégalité car non déclarés) dans le seul estuaire de l’ELORN semble bien être une indication fiable. Il est scandaleux que les autorités en charge de la partie estuarienne et maritime, malgré nos multiples relances, soient dans l’incapacité  de nous apporter la moindre information sur ces prélèvements.

Pour plus de renseignement sur la situation du saumon en BRETAGNE et tous les poissons migrateurs voir le site BRETAGNE GRANDS MIGRATEURS

(1) la population de saumons de printemps s’est écroulée deux ans après l’apparition d’une maladie apparue en 197O – l’UDN / nécrose dermale ulcérative.