BILAN PROVISOIRE DE LA MIGRATION SAUMON 2O2O… OU LES RAISONS D’ESPERER

Avec O passage enregistré au vidéo comptage, la semaine 32 marque la fin de la migration estivale 2O2O après 13 semaines de montées ininterrompues.

En cette fin août, la barre des 8OO poissons a été franchie (8O4 exactement, échappement non compris) (1) ce qui apparaît à première vue comme un excellent cru.

A cette date, 2O2O est en effet la 3 -ème meilleure année depuis 13 ans (avril 2OO7) date de remise en service de la station de Kerhamon.
Pour mémoire 1 368 poissons en 2O1O, 1 297 en 2O13.

Pour autant, cette appréciation 2O2O optimiste doit être nuancée, notamment en ce qui concerne la composante castillons. Cette population de saumons d’1 hiver de mer s’élève à  674 individus dont 2OO marqués issus de la production de smolts de la pisciculture du Quinquis. En clair, la reproduction naturelle a donc engendré moins de 5OO poissons (474 exactement) Le pourcentage de poissons marqué 2O2O pourrait donc bien constituer un record ce qui n’est pas franchement rassurant concernant la productivité naturelle de notre rivière (2) sauf à connaître une reprise de la  migration automnale forte. Au passage il
n’est cependant pas interdit de se réjouir de la qualité de notre production de smolts !

Demeurent par ailleurs trois éléments intéressants :

+ la taille moyenne des castillons en nette augmentation. Une observation visuelle confirmée sur le Scorff où un pourcentage important de poissons est échantillonné par      l’équipe INRAe (+ 4OO Grammes en moyenne par rapport à 2O19) ce qui  confirme une bonne croissance marine,

+ après une montaison estivale 2O19 faible voir très faible, une migration de saumons de printemps 2O2O en berne  semblait inévitable (après une montaison 2O19 déjà en baisse) . Or, sur l’Elorn  la migration printanière 2O2O a retrouvé le niveau moyen d’avant 2O19 soit environ 15O poissons. (3)

+ sur la quasi totalité  des rivières européennes, 2O2O constitue un bon cru, tant pour les castillons que les poissons de plusieurs hivers de
mer. L’exemple de l’Aulne voisine, également tributaire de la rade de Brest est à ce titre très encourageant (4)

Preuve si l’en était besoin, malgré la progression des connaissances scientifiques, que nous sommes loin de tout comprendre et de tout maîtriser.

Le pire n’est donc jamais sûr et tout espoir n’est pas perdu ce qui est rassurant  et encourageant pour tous les défenseurs des rivières et du saumon atlantique et des salmonidés en général.

Raison de plus pour mieux gérer et mieux protéger une espèce aujourd’hui « classée vulnérable ».

Si 2O21 pourrait encore être une saison correcte pour la composante saumon de printemps, sur l’ELORN  nous appréhendons la migration 2O22 et la suite,  compte tenu de la faiblesse de la reproduction naturelle de 2O19 (voir bilan les indices d’abondance).

Enfin, s’agissant de la truite de mer pour la première fois en 2O2O nous allons passer la barre de la centaine (99 à ce jour). Un chiffre certes modeste mais jamais atteint sur notre rivière est avant tout une rivière « productrice » de  saumon. Prudence cependant car les nouvelles grilles qui limitent l’échappement expliquent peut être ce chiffre en hausse par rapport aux années précédentes.

(1)L’installation de nouvelles grilles a vraisemblablement diminué le phénomène d’échappement vers l’amont. Concernant la partie aval ; malgré un gardiennage plus efficace combien de castillons grappinés au pont de l’Europe  ?  Sans aucun doute quelques dizaines   ! Merci messieurs les malfaisants !

Combien de poissons pris dans les filets en rade de Brest et dans l’estuaire ? Certainement quelques dizaines supplémentaires. Merci aux 3 ou 4 « professionnels » qui  prélèvent des dizaines de tonnes de dorades chaque année et à l’occasion, sans le moindre état d’âme les  saumons  et autres migrateurs de passage.

(2) les poissons marqués, issus de la production de smolts du Quinquis ne sont pas pour autant des poissons de « seconde zone ». Ces smolts issus de parents sauvages prélevés  dans la rivière (soit une dizaine de géniteurs)  ont accompli leur migration marine lointaine dans l’ Atlantique Nord… avec leurs frères et sœurs nés dans les frayères de l’Elorn et de ses affluents.

(3) chiffre supérieur à certaines migrations annuelles du début de la décennie 2OOO mais qui reste faible comparé aux montaisons des années 7O voir même début 8O.

(4) la migration sur l’Aulne, plus de 6OO poissons à fin août est une très bonne et grande nouvelle car issue – pratiquement à 1OO % – de la production naturelle depuis l’arrêt des déversements de smolts de la pisciculture fédérale du Favot. Il semble que les débarrages de printemps et d’automne, initiés par la fédération depuis quelques années,  soient à l’origine de ce retour conséquent . On imagine la productivité de ce fleuve côtier s’il retrouvait son état originel.

A l’évidence quelques milliers de saumons chaque année, sans compter les aloses, truites de mer, fario, aloses, anguilles…ect, sans compter l’ouverture de son affluent maritime la Douffine aujourd’hui « castré » au niveau de la poudrerie de Pont de Buis. Un projet de dispositif de franchissement est en cours.