LE COUT DES POLLUTIONS AGRICOLES

Les dégâts occasionnés par l’agriculture et l’élevage intensifs, depuis plus de 3 décennies, n’en finissent de défrayer la chronique. Même si chacun peut constater cette situation en suivant un tant soit peu les réalités de terrain (marées vertes…) , il se trouve que la dernière étude publiée par le commissariat général au développement durable , intitulée "coûts des principales pollutions agricoles de l’eau" confirme une nouvelle fois, chiffres à l’appui, l’ampleur du désastre à l’échelle nationale. On y apprend, entre autre, que le coût complet de dépollution du stock des eaux souterraines serait supérieur à… 522 milliards d’euros, ou encore que le coût complet du traitement annuel des excédents d’agriculture et d’élevage dissous dans l’eau, serait supérieur à 54 milliards d’euros ! Le rapport fourmille d’autres chiffres tout aussi édifiants.

Hélas, nous affirmons que la facture ne s’arrête pas à ces montants vertigineux. Il convient aussi d’y rajouter le montant annuel des dégâts occasionnés par les pollutions, accidentelles ou non, qui détruisent chaque année des dizaines et des dizaines de kilomètres de cours d’eau et affectent ainsi la biodiversité. Plus globalement, rappelons que depuis les années 50, pour la seule Bretagne, ce sont plus de 150 000 kilomètres de talus qui ont été arasés, dégradant sur de larges pans du territoire régional un patrimoine paysager exceptionnel mutilé.

Au delà de ces conséquences environnementales, paysagères et économiques il faut surtout rappeler que cette agriculture est à l’origine de la diminution constante du nombre d’agriculteurs dans nos campagnes. L’échec de ce modèle est donc retentissant, y compris au plan social et humain et plus grave encore en terme de santé publique. Les agriculteurs étant bien souvent les première victimes de l’utilisation des pesticides et autres produits polluants.

Ceci précisé, il serait injuste d’accabler les agriculteurs de tous les maux. Cette course sans fin à la production a été imposée au plus haut niveau, un des objectifs visés étant "le prix du panier de la ménagère". Au cours des dernières décennies on a donc " jeté le bébé avec l’eau du bain", non seulement par des décisions politiques mais également poussé par le "jusqu’au boutisme" d’ un certain "syndicalisme agricole" adepte du productivisme à tout crin.

Plutôt que d’analyser objectivement la situation il faut déplorer que la FNSEA, la FDSEA et certaines chambres d’agriculture préfèrent à présent fustiger et menacer les associations qui luttent depuis plus de trente cinq ans pour tenter de reconquérir la qualité des eaux.

Les gouvernements qui se sont succédés au cours des dernières décennies ne pourront pas dire "nous ne savions pas". Ils ont tous été destinataires de rapports et d’étude comme celle citée ci dessus. Ces alertes n’ont pas empêché les décideurs actuels de relever le plafond d’épandage d’azote (JO du 11/10/2011. Pour plus de précisions, voir le site "Eau et Rivières de Bretagne".

Conclusion : le combat pour une agriculture respectueuse des Hommes, du sol, des eaux et des paysages continue !

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