Reconstitution d’une banquette de berge sur environ 2 mètres de large et 3O à 5O cm en hauteur
Au cours des 2 dernières décennies, les berges de nos cours d’eau se sont considérablement dégradées. L’origine de cette dégradation est multiple ; berges fragilisées par les rats musqués (ondatra) apparus dans les années 6O dans notre région, puis plus tardivement par un nouvel envahisseur de forte taille le ragondin. Parallèlement, une végétation arbustive rivulaire peu dense, l’arasement de milliers de kms de talus, l’évolution des pratiques culturales – maïs, plus récemment de la pomme de terre – l’artificialisation croissante du territoire … ont favorisé le ruissellement et l’érosion amplifiés vraisemblablement par l’évolution des régimes de crues. Les berges n’ont pas résisté à ce traitement de choc et par endroit le lit mineur de nos rivières s’est considérablement élargi de plusieurs mètres (parfois jusqu’à 3 à 5 mètres, c’est particulièrement le cas sur le cours inférieur de l’ Elorn (aval de Landivisiau). Cet élargissement du lit a pour conséquence de favoriser l’homogénéisation du substrat, envasement, ensablement avec un impact direct sur la reproduction des salmonidés et la richesse en invertébrés mais également sur la qualité des eaux du fait de la baisse de la lame d’eau. Seuls les goujons semblent profiter de cette évolution et ce n’est pas un hasard si l’espèce est désormais bien présente sur l’Elorn aval.
Le rôle des berges en bon état ou plus précisément des sous berges avec un système racinaire de qualité conditionne pour une bonne part la richesse d’un cours d’eau à truites. Il convient donc, autant que faire se peut, de les restaurer au moins partiellement ce qui n’est pas une mince affaire.
En effet, L’opération mobilise beaucoup de main d’oeuvre et parfois des moyens matériels (tracto pelle).
Un aménagement gourmand en main d’oeuvre
Depuis plus de deux décennies que nous assurons ces opérations de restauration des berges, force est cependant de constater, même en intervenant dans les règles de l’art, que les opérations classiques de fascinage résistent rarement dans le temps. Après maints essais, nous sommes parvenus cependant à un résultat encourageant. Un des principes de base, d’une part n’est pas de « remonter la berge à son niveau initial » surtout si celles ci dépasse le mètre et d’autre part de ne pas resserrer le lit mineur à sa largeur initiale (voir photos ci-dessus).
L’intervention consiste donc à étager le fascinage à base de troncs et de branchages, tassés et bloqués par des pieux de bois à un niveau qui permettent aux hautes eaux, (voir photo) (sur les zones de radiers). Une hauteur de fascinage de 3O à 4O cm suffit généralement afin que les particules fines transportées lors des crues viennent se déposer sur ce « lit végétal » parfois il est utile de maintenir le tout par une bâche végétale . En année 2, au printemps suivant, on aura tout loisir de semer de la fétuque et graminées naturelles sur cette banquette de vase et d’y adjoindre des pousses de saules pour maintenir l’ensemble.
C’est en procédant de la sorte que nous sommes intervenus depuis 2O22 sur le parcours mouche amont du Quinquis. L’opération est complétée par la pose de rochers pour diversifier le lit très ensablé sur ce tronçon.
L’idéal eut été de procéder à des inventaires piscicoles avant et après aménagements ce qui n’est pas toujours facile à programmer avec l’ensemble des partenaires concernés (Fédération, OFB). Ceci étant de nombreuses études menées, tant en France qu’à l’étranger ont démontré l’impact positif de ces travaux sur l’évolution des populations de truites fario.
Autre avantage de ces aménagements, ils constituent des caches souvent salvatrices pour la faune piscicole victime de la prédation, tout particulièrement celle du grand cormoran.